Dès
1866, le Conseil général préconise la construction d'un pont sur le
Tavignano afin de relier Antisanti à la route d'Aleria-Corte et de
favoriser les liaisons vers les villages de la Rogna in quà.
C'est le lieu dit Filicajola, jugé plus favorable car
il présente un rétrécissement du lit du fleuve, qui a été choisi.
Cependant la construction tarde à commencer et en 1868, dans ses
délibérations le Conseil général en est toujours au stade des souhaits (1) :
Le Conseil général recommande la construction d'un pont sur le
Tavignano au lieu dit Filicajola.
Il faudra attendre encore quelques années le début des
travaux.
Par manque d'argent, la commune d'Antisanti ne pouvant
plus assurer sa participation, les travaux sont arrêtés en 1875. Seul le
redéploiement d'une partie de la subvention de l'État accordée au
département de la Corse, estimée à plus de 9 600 francs de l'époque
pourrait permettre la reprise des travaux (2) :
Commune d'Antisanti — Tous les approvisionnements nécessaires à la construction du pont de Fajo, sur le Tavignano, chemin vicinal n° 3, sont à pied
d'oeuvre. La dépense faite jusqu'à ce jour s'élève à 19 640 fr 98, mais les ressources de la commune étant épuisées, on a du arrêter les travaux.
Si cette suspension devait durer trop longtemps, il y aurait inévitablement une déperdition notable de matériaux et surtout une détérioration certaine
des bois de charpente. Il faudrait donc pour éviter ces pertes hâter autant que possible la reprise des travaux en affectant à
l'achèvement du pont de Fajo une partie de la subvention de l'État de 1876 accordée au département de la Corse, en vertu du § 2,
article 2 de la loi du 11 juillet 1868.
Le montant des travaux prévus pour la construction de ce pont, étant, somme à valoir comprise, de
29 258 fr 09, et les dépenses faites, de 19 640 fr 98, il y aurait à demander un crédit
de 29 258 fr 09 - 19 640 fr 98 = 9 617 fr 11.
L'année suivante, des réclamations se font jour concernant les
prestations en nature que doivent fournir les communes. Lors de la
discussion des ressources et des dépenses de l'exercice 1877, les
conseillers notent que (3) :
Les ressources dont nos communes disposent ne sont pas assez
considérables pour qu'on en néglige encore. Aussi, Messieurs, appellerai-je
toute votre attention sur l'objet des graves réclamations qui nous ont
été adressées par les populations intéressées à la construction
des deux ponts du Fajo et du Taglione.
Votre Commission n'a pas eu naturellement le temps de vérifier jusqu'à
quel point étaient fondées les plaintes exprimées contre l'ancien
service vicinal ; mais il nous a été affirmé que les ressources
destinées à l'établissement de ces ponts avaient été dissipées.
Nous nous sommes émus et nous avons prié M. le Préfet de vouloir bien
nous donner des renseignements sur ces faits.
M. le Préfet nous a dit que déjà, depuis longtemps, ces deux affaires
étaient l'objet de sa plus vive sollicitude et qu'il se livrerait à
d'actives recherches d'informations dont il ferait ultérieurement
connaître le résultat.
En 1880, dans son rapport au Conseil général, le Préfet De Marcay
signale fait état d'une subvention de 12 000 f accordée pour la
construction du pont d'Antisanti (4) :
Je terminerai en rappelant que M. le Ministre vient d'accorder au
département une subvention de 48 000 francs prélevée sur le crédit
spécial affecté aux ouvrages d'art par l'article 9 de la loi du 12
mars 1880 et ainsi répartie :
1° Pont de Fajo (commune d'Antisanti.) 12 000 f
2° ....
Le pont sera terminé en 1881. Mais aucune route digne de ce nom
n'empruntera jamais ce pont.
- Procès-verbal des délibérations du Conseil général de la Corse,
session de 1868, imp. A.F. Leca, Ajaccio, 1868.
- Procès-verbal des délibérations du Conseil général de la Corse,
session du mois de septembre 1875, imp. A.F. Leca, Ajaccio, 1875.
- Procès-verbal des délibérations du Conseil général de la Corse,
session du mois de septembre 1876, imp. A.F. Leca, Ajaccio, 1876.
- Procès-verbal des délibérations du Conseil général de la Corse,
session ordinaire du mois de septembre 1880, imp. A.F. Leca, Ajaccio,
1880.
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