Origine du nom


Le Nom du Village

En lui même le mot Antisanti est déjà remarquable car il fait apparaître un doublon des quatre lettres ANTI. Seules huit communes françaises présentent cette particularité.

Selon certains, le nom du village s'est altéré au cours du temps ; il s'appelait autrefois Altisanti, autrement dit lieux saints élevés (1). À l'appui de cette théorie, on peut noter que le village domine plusieurs lieux dits portant des noms de saints : San Ghiuvani, Santa Focule, San Martinu, San Biaggiu, San Ghiorghiu et même une Santa Luciaccia. Cependant, il en va de même pour beaucoup de villages Corses.

En fait, Altisanti n'apparaît sur aucun document, carte ou texte, arrivé jusqu'à nous.

Plus encore, la Chronique de Giovanni Della Grossa, rédigée de 1455 à 1464, cite maintes fois le nom d'Antisanti sans jamais faire mention de cette altération  (2).

Le mot Antisanti est formé d'un radical Santi et du préfixe Anti. Ce préfixe marque soit l'opposition soit l'antériorité et peut être traduit par les prépositions contre ou avant. Quant au radical Santi qui évoque les Saints Chrétiens, il ne peut prendre ce sens qu'après l'installation du christianisme en Corse et ne permettrait apparemment pas de faire remonter le nom du village au mieux avant le premier siècle (3) et plus sûrement dans un temps plus proche de nous, peut être aux alentours du VIème siècle.

Plusieurs interprétations du mot Antisanti sont possibles :

    Le village a été nommé contre les saints ce qui signalerait que la population était opposée à toute idée d'évangélisation. De nombreux documents témoignent en faveur de cette hypothèse :

    • Entre 595 et 601, plusieurs lettres du pape Grégoire le Grand (590-604) font état d'une christianisation inachevée (ou en régression) dans la vallée intérieure du Tavignano. Au mois de septembre 596, le pape interpelle Pierre, évêque d'Aleria (4):

      Et en ce qui concerne ceux qui n'ont pas encore été baptisés, dépêchez vous, votre Fraternité, de les admonester, de les implorer, de les alarmer quant au jugement dernier et aussi de leur donner les raisons pour lesquelles ils ne doivent adorer ni les troncs ni les pierres.

      Ainsi on pourrait penser que les premiers habitants d'Antisanti se sont montrés réfractaires aux premières tentatives d'évangélisation. Selon Jean-Pierre Poli et Jean Stefani, les craintes qui transparaissent dans certaines lettres du Pape confirment la résistance à la christianisation des populations de l'intérieur de l'île (5).

    • En effet, l'évangélisation fut l'affaire de plusieurs siècles, faite d'avancées et de régressions. Dans cette même lettre, le Pape stigmatise les Corses qui sont retournés à l'adoration des anciennes idoles, la pierre et le feu :

      Et en ce qui concerne ceux qui ont été infidèles une fois, et qui sont retournés au culte des idoles soit par négligence soit sous la contrainte, dépêchez vous de les ramener à la foi, en leur imposant une pénitence de quelques jours, afin qu'ils puissent regretter leur culpabilité et éviter de retomber dans l'erreur.

      Sa dernière lettre, au mois d'août 601, constate la vacance des sièges des évêchés d'Aleria et d'Ajaccio depuis plusieurs années ce qui, une fois encore, témoigne d'une désaffection pour la religion dans ces deux régions, du caractère précaire du réseau diocésain et du manque de solidité des communautés de fidèles et de leur clergé dans les villes et les campagnes (6).

    • C'est ainsi que Jean Pierre Poli (7) signale qu'au VIIème et peut être jusqu'au Xème siècle, les habitants de la Corse sont encore peu christianisés. Il rappelle que Della Grossa lui même faisait la distinction au sein de la population entre ceux qui se souvenaient que leurs parents avaient été romains, ceux qui s'étaient faits Maures et les Maures naturels qui étaient venus habiter Aleria et distinguait ainsi en termes ambigus trois catégories de population : les anciens chrétiens romanisés restés en Corse, les Corses christianisés redevenus païens et les Corses de l'intérieur de tous temps païens. 

    • Sans oublier que les croyances de la religion catholique ont été remises en cause lors de l'occupation de la Corse par les Vandales (vers 420) qui ne reconnaissaient pas le culte des Saints. On peut alors penser que la population Antisantaise se soit par la suite montrée réfractaire à la Christianisation développée par Byzance (vers 550).

      Cependant, si la Corse de l'intérieur reste païenne pendant des siècles, pourquoi un seul village serait-il nommé contre les saints ? Est ce dû au voisinage de la ville d'Aleria, où fut fondé le premier diocèse de Corse, et à une volonté d'insister sur une opposition à la christianisation dans un village que l'évêque pouvait voir tous les jours dans le lointain ? 

    Antisanti a été bâti avant les saints ; si on attribue au préfixe Anti son sens d'antériorité de temps. Il ne semble pas que cette hypothèse, aussi satisfaisante que les autres, ait été explorée par les auteurs.

    • Antisanti pourrait être un lieu de peuplement antérieur aux lieux dits portant des noms de saints.

    • Mais on peut aussi noter que l'un des premiers monastères construits en Corse l'a été en un lieu voisin d'Aleria que certains situent à Casevecchie (8) :

      On peut noter que l'abbaye San Michele de Casevechje est considérée, selon les travaux de Mme Moracchini-Mazel, comme le premier monastère fondé en Corse par une femme pieuse dénommée Labina. Informé de ce fait, le pape Grégoire Le Grand adressa une lettre au défenseur Symmaque en l'an 591, pour lui annoncer l'arrivée prochaine de moines venus de l'île de Monte-Cristu, afin d'apporter la bonne parole en Corse.

      et d'autres à Vezzani (9) :

      Madama Moracchini-Mazel suppone chì u primu munasteru purebbi esse l'abazia San Michele di Vezzani, per via chì a muntagna sopra porta u nome di Punta Lavina.

      Ces deux lieux sont à peu de distance d'Antisanti. On peut penser que la construction de ce monastère, occupé par des saints hommes venus de l'île de Monte Cristo, ait marqué les populations locales, au point d'en faire un repère dans le temps. Il y eut un avant et un après. Antisanti pourrait alors être plus ancien que le monastère.

    Antisanti a été bâti devant les saints ; car l'antériorité peut aussi concerner l'espace.

    • On a déjà signalé que le village est bâti devant plusieurs lieux dits portant des noms de saints.

    • Ou bien fallait-il dépasser Antisanti pour atteindre le lieu habité par les saints, pour atteindre le monastère ?

D'autres hypothèses font valoir que l'origine du nom du village serait celui du nom, du prénom ou du surnom d'une personne. Dominique Altibelli signale que le nom patronymique Antosanti a existé en Corse jusqu'au XXème siècle (ce nom est issu du prénom Anton Santo) (10). C'était peut-être le prénom de l'ancêtre des gentilshommes du XIVème siècle dont parle Giovanni Della Grossa ? Cependant, comme le signale cet auteur, c'est généralement l'inverse qui se passait : le village donnait son nom à une famille.

Ainsi selon l'interprétation retenue, il apparaît que le nom du village peut être plus ancien que l'évangélisation de la Corse ou beaucoup plus récent.

On peut alors se demander si une implantation de population plus ou moins provisoire n'existait pas déjà au temps de l'occupation romaine.

En effet, depuis les travaux de Jean et Laurence Jehasse, on sait que la Funtana Ottone définissait le Huitième Cardo du cadastre Nord 27° Est dressé vers 36 avant J.-C. (11). L'existence d'un tel cadastre suggère l'occupation du piémont et la présence d'élevage et d'agriculture.

Cependant, à l'intérieur des terres, à cette époque, seul est connu le village fortifié Praesidium (Poghju di Venacu ? Riventosa ? un lieu  de la région de Vezzani ? entre Aprivu et Abbazzia ?), à environ 44,4 km d'Aleria si l'on en croit l'Itinéraire d'Antonin. Olivier Jehasse et Frédérique Nucci reconnaissent dans Praesidium, la mémoire d'un Charax attesté par Strabon, et l'ancêtre du nom Castellu, ce qui les pousse à proposer la commune de Serra Di Fium'Orbu comme lieu d'implantation de Praesidium (12).

Comme nous le verrons par la suite, il est particulièrement troublant de constater que sur les cartes de la Corse du XVIIème siècle apparaît le village Castello à l'emplacement même du village d'Antisanti et qu'un quartier du village porte le nom de Castellu Vecchiu.

Les Cartes

Les premières cartes de la Corse qui dérivent de la carte de Ptolémée, reproduisent une image grossière de la Corse, un contour erroné et quelques noms de lieux qui remontent à l'occupation romaine. Ces cartes sont remplies d'invraisemblances. Sur certaines, on verra même le GOLO, le Tavignano et le Liamone prendre tous trois leur source au lac de Creno (13) !

Selon Altibelli, la première carte donnant le nom d'Antisanti est la carte du "Liber Insularum" de la banque de Saint Georges, qui remonte au bas Moyen Age en 1447. Nous n'avons jamais vu cette carte et ne pouvons en discuter.

Selon cet auteur, une altération se produisit dans les siècles qui suivirent et Antisanti se transforma alors en Antisano (noté à l'époque Antifano). Il faut croire que la position du village sur ces cartes devint elle aussi erronée puisque le village se trouva placé sur la rive gauche du Fiumorbo.

Une telle erreur était courante à l'époque car les cartes étaient reproduites par copie sans aucun repère technique.

En l'état de nos connaissances, il semblerait que la confusion se soit produite entre la localisation d'Antisanti et celle de Saint Antoine.

Il est intéressant de noter que sur les cartes Antisano se trouve symbolisé par un château, ce qui était l'usage lorsque ce type de construction existait.

Une des cartes la plus ancienne en notre possession présentant ces caractéristiques est la carte Corsica Sardinia publiée au XVIème siècle (14). Tous les cartographes copiant les uns sur les autres, la même erreur est reproduite sur toutes les cartes de la même époque et même sur la carte Insularum Sardiniae et Corsicae descriptio attribuée à Frederick De Wit et publiée au siècle suivant. Cependant, il est intéressant de noter que, pour la première fois, cette carte fait apparaître un village appelé Castello à l'emplacement d'Antisanti. 

Comme on peut s'y attendre, les cartes publiées dans les siècles suivants reproduisent les mêmes caractéristiques (Antifano + Caftello), qu'elles soient dressées par les cartographes Giovanni Antonio Magini (Corsica insula, olim Cyrnus, en 1620), Nicolas Sanson (Isle de Corse) ou bien encore Matthäus Seutter (Insula Corsica olim Regni Tiulo insignis, nunc Genuensis Reipublicae potestati subjecta).

Il faut attendre la carte Insulae Corsicae accurata chorographia tradita levée et publiée par le Capitaine Vogt en 1735 pour que les erreurs affectant le village soient corrigées : Castello ou Castel disparaît pour être remplacé par Antisanti.

Bizarrement, Castel réapparaîtra sous la forme Castel-Vecchio (nom du quartier actuel d'Antisanti) sur la carte de la Corse gravée dans la Géographie illustrée de la France et de ses colonies, publiée en 1868 (15) !

Une première tentative de correction des erreurs que comportent les cartes est réalisée par Bellin, premier ingénieur - hydrographe de la Marine Française, en 1749. Conscient des erreurs colportées par les géographes de l'époque, il écrit (16) :

    Les pilotes des vaisseaux du Roi m'ont fait connaître... que la grande carte de l'Isle de Corse était fausse presque partout.

Quant à l'intérieur des terres, il précise que sa carte est loin de refléter la réalité du terrain :

    Je suis même persuadé qu'on découvrira des erreurs considérables.

Sur la carte qu'il dresse, Antisano et Castello ont disparus. Antisanti et Vezzani n'apparaissent pas. On note cependant l'emplacement du Procoïo de Scaglia (Muniglia).

Une nouvelle erreur est commise par le géographe du Roi, Gilles Robert de Vaugondy, en 1756 sur plusieurs de ses productions et notamment la Carte nouvelle de l'isle de Corse : Antisanti se retrouve positionné entre Rospigliani et Noceta ! Mais ne voit-on pas sur cette même carte le lac de Creno alimentant le Tavignano et le Liamone, une aberration qui perdure de siècle en siècle !

Avec l'augmentation des levés topographiques et de la connaissance des différentes régions de l'île, la précision des cartes devient réelle. Dès 1769 sur la Carta dell'Isola di Corsica... du Capitano Ingegniere Domenico Policardi, Antisanti retrouve sa position exacte.

La publication de l'Atlas de l'Isle de Corse par Bellin la même année constitue un progrès fondamental pour la cartographie de l'île. Cependant, les dernières corrections ne purent être effectuées qu'avec l'établissement du plan terrier, décidée par l'édit royal de Janvier 1770 mais qui ne se termina qu'en 1793 soit plus de vingt ans après.

Piève de Rogna, Castello ou Vivario ?

Tous les textes connus, tous les écrits les plus officiels présentent Antisanti comme faisant partie de la piève de Rogna.

En fait, cette piève était l'une des plus étendue et éclatée en de nombreux lieux-dits habités au début du XVIème siècle. On sait que les frontières entre les pièves n'étaient pas toujours très bien définies, sujettes à discussion. Cependant, il était un élément incontournable qui partageait cette piève en deux parties inégales : le fleuve Tavignano.

Carte particulière de l'Isle de Corse...Cliquez...Si l'on se réfère aux cartes (bien qu'elles comportent souvent des erreurs comme nous venons de le voir !), certaines présentent le territoire d'Antisanti comme appartenant à la piève de Rogna. Il en est ainsi sur la carte Insulae Corsicae accurata chorographia tradita dressée en 1735 par le capitaine Vogt.

D'autres font appartenir Antisanti à la piève de Vivario o Castello, comme la Carte particulière de l'Isle de Corse divisée par ses dix provinces ou juridictions et ses quatre fiefs dressée par Bernard-Antoine Jaillot et publiée en 1738.

Cette remarque est à rapprocher de la description des pièves par Monseigneur Giustiniani, texte qui daterait probablement de la première partie du XVIème siècle et qui place à part le pays de Vivario lors de la description de la piève de Rogna (17).

En effet, à partir des troubles de 1729 à 1769, du point de vue politique, Antisanti, Vivario, Rospigliani et Noceta se détachèrent de la piève de Rogna, pour dépendre de plus en plus de celle de Castello.

Après la défaite de Ponte-Nuovo, la Corse devint une province française divisée en neuf juridictions, mais on conserva la division en pièves et en communes : celle de Corte regroupant les pièves de Talcini, Venaco, Bozio, Caccia, Castello, Giovellina, Niolo et Rogna.

Le 15 janvier 1790, la Corse devient un département français. Le département est divisé en districts et en cantons (les anciennes pièves). La piève de Rogna trop étendue, est divisée en deux Rioni. Le premier rione comprend tous les villages de l'ancienne piève situés sur la rive gauche du Tavignano : Piedicorte, Foccicchia, Erbajolo, Altiani, Pietraserena et Giuncaggio. Le deuxième rione les villages de Rogna situés sur la rive droite du fleuve : Vivario, Muracciole, Noceta, Rospigliani et Antisanti. Quelques années plus tard ces villages seront inclus dans les cantons de Sorba ou du Vecchio. Ceux du premier rione formeront le canton du Tavignano.

Enfin, en 1898, l'abbé Bartoli dans son histoire de la Corse rappelle la composition des anciennes pièves et note que le nouveau canton de Piedicorte-di-Gaggio correspond à la piève de Rogna alors que le canton de Vezzani qui comprend Aghione, Antisanti, Casevecchie, Noceta, Pietroso, Rospigliani et Vezzani, correspond à la piève de Castello (18).

 

  1. Gaston d'Angelis, Don Giorgi et Georges Grelou, "Guide de la Corse Mystérieuse", Tchou Ed., Paris, 1995.
  2. Giovanni della Grossa, "Historia di Corsica", comprenant la description de cette île d'après A. Giustiniani, les chroniques de Giovanni della Grossa et celles de Monteggiani, remaniées par Ceccaldi, la chronique de Ceccaldi et celle de Filippini, trad. française (Letteron), éd. "U Muntese", Bastia, 1965
  3. Le voyage de l'apôtre Paul en Corse se situerait vers 42 ou 46, voir par exemple le site internet Cronica di a Corsica.
  4. Early Church Fathers, Nicene and Post-Nicene Fathers, Book VIII, Epistle I. To Peter, Bishop of Corsica.
  5. Jean-Pierre POLI et Jean STEFANI, "La Corse dans la politique de La PAPAUTE du sixième au huitième siècle", Septembre 2003, site internet de l'Accademia Corsa
  6. Philippe PERGOLA, "Les premiers chrétiens de Corse entre l'Afrique et Rome : histoire d’une intégration mouvementée", 128ème Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Bastia, 2003.
  7. Jean Pierre POLI, "Essai sur l'histoire de la Corse au temps des Sarrasins", 1999 , site internet de l'Accademia Corsa
  8. "Festa di San'Michele a Casevechje", Corse-Matin, n°20493, vendredi 7 mai 2004.
  9. Anton Dumenicu MONTI , "San GREGORIU Magnu, Papa (590-604) e' a CORSICA", Cronache 1, 1992, site internet de l'ADECEC
  10. Dominique ALTIBELLI, "Antisanti, Mémoire d'un village", cahier N° 1.
  11. Jean JEHASSE et Laurence JEHASSE, "Les premières occupations du sol en plaine orientale, et les cadatrations antiques", Archeologia Corsa, N° 8-9, p 110-115
    Jean JEHASSE et Laurence JEHASSE, "Trois cadastrations et centuriations en Corse orientale. La plaine et le piémont", Archeologia Corsa, N° 16, p 44-52.
  12. Olivier JEHASSE et Frédérique NUCCI, "Les voies romaines de Corse", LABIANA / IDIM de L'Université de Corse, 2000.
  13. Paul HELBRONNER, "Histoire sommaire de la représentation géographique de la Corse", Revue Générale des Sciences, G. Doin Ed., Paris, T 41, 1930.
  14. La plus grande partie des cartes citées peut être visualisée sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France
  15. Jules Verne, "Géographie illustrée de la France et de ses colonies", J. Hetzel Ed., Paris, 1868.
  16. Jacques-Nicolas BELLIN, "Description géographique et historique de l'Isle de Corse pour joindre aux cartes et plans de cette Isle", Paris, 1769. cité dans Strade N°9, 2001.
  17. Extrait du texte de Monseigneur Giustiniani, "Dialogo nominato Corsica", présenté sur le site de Dragouli.
  18. Abbé BARTOLI, "Histoire de la Corse", D. Fontaine Ed., Paris, 1898.