Septembre 1943
L'affaire de Muniglia


Nous allons condenser les événements que Dominique Altibelli a décrits minutieusement, heure après heure, et qui se sont déroulés fin septembre 1943 à Muniglia (1).

Le 23 septembre 1943, quelques jours après l'occupation d'Antisanti, un commando du 1er bataillon de choc, composé de 33 hommes, qui venait de faire sauter le terrain d'aviation de Casabianda, arrive à Muniglia par la route de Puzzichello et demande l'hospitalité aux habitants (familles Altibelli, Delmer et Bollaert).

Il est rapidement repéré par une patrouille allemande qui n'intervient pas, probablement à cause de l'heure tardive.

À l'aube de la journée suivante, des coups de feu sont échangés entre le commando et les soldats allemands. Le servant du fusil mitrailleur du commando est tué.

Les Allemands se replient vers le Tavignano et le commando met ce moment à profit pour décrocher en direction d'Antisanti.

Muniglia est alors pris sous un déluge d'obus allemands. Les habitants s'enfuient et se réfugient à la source de Puzzichello pendant une partie de la matinée. Pendant ce temps les soldats allemands se livrent à des représailles sur les bêtes, incendient les maisons et minent la place et les sentiers. Ils font prisonniers quelques Munigliais revenus aux nouvelles (ils seront relâchés plus tard). Selon le rapport du sous-lieutenant Fournier, commandant le bataillon, un habitant aurait été fusillé.

Les autres habitants rejoignent Antisanti par le Rio Magno, Ballatoghi, Cardusalla et Funtana all'oliva, sains et saufs.

Pendant ce temps, les habitants de Campo a u Quercio, croyant les Munigliais ensevelis sous les décombres de leurs maisons viennent à leur secours. Ils sont surpris par l'explosion d'une mine qui fait un mort (l'ouvrier agricole Pigeon) et quatre blessés (Pierre Battesti, Giovanni Bartolini, Jean Jacques Marchioni et Dominique Pulicani). Le premier, plus gravement atteint, décède quelques heures plus tard.

C'est en l'honneur de ces braves et à l'initiative de Dominique Altibelli que, le 27 septembre 2003, une plaque commémorative a été inaugurée à Muniglia par M. Françis Blondieau, sous préfet de Corte, et Anthony Alessandrini, maire de la commune, en présence de l'unique survivant, Dominique Pulicani, et des autorités civiles et militaires (2,3,4).

  1. Dominique ALTIBELLI, "l'affaire de MUNIGLIA, Septembre 1943"
  2. Il semblerait qu'un oubli involontaire n'ait pas permis de citer les guides du bataillon de choc Jules FRANCHI et Ange-Pierre VINCENSINI morts tous deux à MUNIGLIA sur des mines allemandes ainsi que deux blessés, Philippe Antoine VINCENSINI, 60 ans, père de 10 enfants, et Dominique VINCENSINI, grand résistant. (Lettre à la rédaction de Jean André VINCENSINI, Corse-Matin du 6 Octobre 2003).
  3. Dominique ALTIBELLI apporte les corrections suivantes :
    Quelques jours après cette affaire, d'autres Antisantais furent victimes de mines aussi bien à Muniglia qu'à Canfavajo. Parmi eux, Ange Pierre VINCENSINI, son père Pantone et un de ses frères Philippe (le muet) qui fut seulement blessé.
    Quant à Jules César FRANCHI, il meurt le vendredi 2 octobre sur le place de Canfavajo.
  4. Selon Orsu-Ghjuvanni CAPOROSSI (http://oursjeancaporossi.perso.neuf.fr/index.html)  :
    FRANCHI Jules César était né en 1902 à Antisanti.. Résistant, tué au combat par les Allemands lors des combats de Libération de la Corse, en poursuivant l'ennemi dans la région de Muniglia, en 1943, il a été reconnu Mort pour la France. Son nom figure sur le Monument aux Morts de la ville de Bastia
    VINCENSINI Ange Pierre était né à Antisanti., Résistant, il a été tué en poursuivant l'ennemi à Muniglia, en 1943. Mort pour la France ? Son nom figure sur le Monument aux Morts de la ville de Bastia.
    BATTESTI Pierre était né à Venaco en 1897. Résistant, membre du Réseau F.F.L R2 Corse et Chef du secteur d'Aleria. Il est tué (explosion d'une mine) dans les combats de Libération de la Corse, en 1943, en poursuivant l'ennemi, à Muniglia et reconnu Mort pour la France. Son nom figure sur le Monument aux Morts de la commune de Venaco et sur celui de la ville de Bastia. et sur le Livre d'Or de la Résistance de la commune de Sartene.