Muniglia Selon Altibelli, le peuplement du lieu dit aujourd'hui Muniglia remonte aux temps les plus anciens. On y a en effet retrouvé des bracelets à tampons portants un décor caractéristique de l'âge de fer. Ce peuplement s'est poursuivi durant l'occupation romaine, comme en témoignent les tombes en briques de l'époque romaine découvertes à Muniglia, car sous l'Empire romain le domaine est un bien d'Empire (1). Aux premier temps de la chrétienté, il devient bien d'Église avant d'être abandonné et livré aux bergers aux temps des invasions arabes. Au début du XVIIe siècle, Camillo Moneglia obtint le domaine qui allait pour la suite des siècles porter son nom (2). C'est un gentilhomme parmi les plus riches de sa patrie, grand amateur de fêtes, de bals et de tournois, qui a été gouverneur de la Corse en 1619 (3, 4). La vente a été menée par un Antisantais couvert de crimes, se disant autorisé par la communauté, afin de se soustraire à la justice du gouverneur génois ! Selon le rapport présenté au Conseil général en 1905 par André Touranjon, archiviste du département de la Corse, il existe dans le Fonds du Civile Governatore, un document de 1695 qui rappelle que la communauté d'Antisanti a obtenu certains avantages en contrepartie de la cession de ces terrains (5) :
Les Moneglia, puis, vers 1709, les Scaglia, leurs héritiers, posséderont le domaine de Muniglia jusqu'en 1723. En 1736, le roi Théodore fait comte Paolo Francesco Giannoni, oncle illettré de Giacinto Paoli et un des colonels des milices Corses, et lui attribue "le domaine de Muniglia avec sa source la funtana de Genovesi" (6). À la mort de celui ci, le domaine échoit aux Matra. À la suite de la confiscation des biens des Matra, une forte délégation d'Antisantais se rend à Corte, le 16 février 1760, pour rencontrer le général Paoli. Ces Antisantais demandent que le domaine soit loué à la communauté. Paoli y est favorable, mais les bergers Venacais qui font paître leurs troupeaux sur le domaine mais qui sont accusés d'avoir incendié la partie cultivée du territoire au mois d'août 1759, revendiquent eux aussi le domaine. D'autres encore font connaître leurs prétentions : les Grazietti de Vezzani, puis Angelo-Luiso Giannucci, Michele et Anton-Marco Giacobetti d'Antisanti. Après la signature du traité entre le Roi de France et la République de Génes, le domaine devient propriété du Roi. Dés 1770 le domaine est mis en valeur par Ferrandi, régisseur du domaine royal. À cette époque seul un tiers du domaine est cultivé et son revenu est bien insuffisant et ne dépasse pas les 1500 livres. Le plan terrier dressé dans ce dernier quart du XVIIIe siècle attribue au domaine le nom Moneglia ou Procojo di Canteraggio et indique qu'une maison y est construite. En 1780, Francesco-Antonio Gaffori, qui sera neuf ans plus tard un des chefs de la noblesse, se voit attribuer une partie du domaine à ferme. Cinq ans plus tard, il est redevable de 3 années de fermage et n'a toujours pas payé le blé qui revient au curé d'Antisanti selon l'acte rédigé en 1695. C'est alors que chanoine Giacobbi, curé de Cervione, entreprend les héritiers des Scaglia et leur achète 134 hectares du domaine. Cet achat ayant été reconnu par les autorités, il en devient le seul propriétaire. Dés 1791, les Antisantais vont ester en justice afin de récupérer les terres de Muniglia. Malgré plusieurs procès, leurs efforts seront vains. Plus tard, Muniglia devient propriété de la Nation puis de quelques officiers. En 1892, Paul Joanne note que (7, 8) :
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