Jean-Paul Mariani est né à Antisanti le 1er mai 1921 de Joseph Jean Mariani et de Victoire Venturini.

Engagé volontaire dès l'age de 20 ans, il livre sa première bataille sur son île natale occupée par les Italiens, entre 1942 et 1943 (1).

Après avoir participe activement à la libération de la Corse, il intègre le 6e régiment de tirailleurs marocains en tant que caporal.

Son régiment étant Intégré à la 4e division marocaine de montagne du général Sevez, Jean Paul Mariani part avec le corps expéditionnaire français en Italie.

Lui et ses camarades s'illustrent tout au long de la campagne, dans la conquête du Pantano et de la Mainarde, en décembre 1943, du Belvédère en janvier 1944 et lors de l'offensive du printemps suivant en obtenant la rupture du front allemand sur la ligne Gustav. Après la prise de Rome, ils remontent sur Sienne et le nord de la Toscane.

La première citation à l’ordre de l’armée attribuée le 22 juillet 1944 par le général Juin au 6e régiment de tirailleurs marocains (6e R.T.M.) après la bataille du Garigliano en Italie en mai 1944 résume à elle seule les combats auxquels Jean Paul Mariani a participé :

Magnifique Régiment de Tirailleurs Marocains, toujours égal à soi-même, ardent et manœuvrier, animé du plus bel esprit de sacrifice. A, sous le commandement du colonel CHERRIERE, joué sur le front d’Italie, dans la bataille de rupture engagée le 11 mai, un rôle prépondérant; attaquant entre l’Ornito et le Feuci, a, en 36 heures, bousculé et rompu les résistances ennemies, malgré de nombreuses contre-attaques de front et de flanc, lui coûtant des pertes sévères, puis a poussé à travers le dispositif adverse une pointe profonde qui, par le développement de la manœuvre a permis les succès ultérieurs de notre Armée. Au cours de ces combats couronnés le 13 par la conquête du col de Crisano, a causé à l`ennemi des pertes très lourdes, lui capturant plus de 300 prisonniers dont 9 officiers et un matériel de guerre important.
Intégré du 19 au 31 mai dans un Groupement opérant a l’aile du Corps de Montagne, a, dans la période d’exploitation et de poursuite, surmonté toutes les résistances rencontrées, participant notamment avec ses éléments le 22 mai a l’enlèvement du village de Lenola s’emparant ensuite de haute lutte des massifs du Petrella et du Vona, des cîmes del Nibbio et del Piglioro, conquérant en une seule journée les 10 kilomètres de crêtes jalonnées par les monts Campo di Lupino et Siserno, puis le col de la Palombara, ajoutant a son tableau initial près de 150 nouveaux prisonniers, un grand nombre d’armes automatiques et de canons.

Retiré du front courant juillet, le 6e R.T.M. est intégré au sein de l’armée B (future 1ère armée française) commandée par le général de Lattre de Tassigny, pour débarquer en Provence en août 1944.

Avec son régiment, Jean Paul Mariani participe à la campagne de Libération (septembre 1944-17 avril 1945).

Le 15 octobre 1944, le 6e Régiment de Tirailleurs Marocains arrive dans la région de Saulxures-sur-Moselotte ; il n'a pas quitté ses camions depuis Marseille. On le met immédiatement à la disposition de la 3e D.I.A.. Deux bataillons en ligne, le 2e à droite, le 3e à gauche, attaqueront le lendemain le Haut du Faint, position-clé de la Winterlinie, la Ligne d'hiver, sur laquelle Hitler compte défendre la Patrie allemande (qui inclut l'Alsace) en avant de la crête des Vosges.

À la nuit, le 2e bataillon a rempli sa mission au prix de 14 tués et 38 blessés. Mais il faudra 12 jours et 11 nuits de combat et de souffrances au 6e R.T.M. pour percer la Winterlinie et se maintenir sur ses positions en dépit de contre-attaques renouvelées, menées jusqu’au corps à corps et appuyées par des feux très puissants d’artillerie et de mortiers. Mais cette victoire a coûté au 6e R.T.M. 127 tués dont huit officiers, 764 blessés dont treize officiers (et 103 pieds gelés), et 24 disparus.

Le 9 décembre 1944, le Journal Officiel publiera la citation à l'Ordre de l'Armée du 2e Bataillon de Tirailleurs Marocains du 6e Régiment : 

Magnifique bataillon, héritier des plus belles traditions de l'Armée d'Afrique, vient de s'affirmer de plus comme une unité d'élite. Le 15 octobre 1944, sous les ordres du chef de bataillon Franco, puis du capitaine Gothias, s'est emparé du massif du Haut-du-Faing, position-clé de la Winterstel-lung, puissamment fortifiée. A maintenu intégralement ses positions sous de violents tirs d'artillerie de tous calibres et de Nebelwerfer. A résisté les 16, 17 et 18 octobre 1944 à de puissantes contre-attaques menées jusqu'au corps-à-corps, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi et l'obligeant à abandonner la partie. S'est emparé de nombreux prisonniers et d'un important matériel. 

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.

L'attaque du Haut du Faint vaudra au régiment une 2ème citation à l’ordre de l’armée attribuée après la campagne de France en Alsace par Charles de Gaulle.

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Jean-Paul Mariani à l’hôpital militaire de
Bastia lors de sa visite d’engagement.

Aujourd'hui encore, à l'age de 93 ans, Jean Paul Mariani garde un souvenir précis de cette période qui lui a laissé une trace indélébile. Il raconte avec tristesse :

L'attaque du Haut Du Faing dans les Vosges m'a profondément marqué. Durant cette bataille, nous avons livré de très violents combats, parfois au corps a corps. Cette lutte acharnée a duré douze jours et onze nuits. Beaucoup de soldats de mon régiment y ont laisse leur vie.

Peu de temps après cet épisode douloureux, Jean Paul Mariani se distingue en traversant la rivière glacée de la Doller à la nage dans Ie but de remettre un message à son général. 

Enfin, le 6e R.T.M. entre en Allemagne, du Rhin au Danube et à l'Arlberg  (17 avril-8 mai 1945).

Les conditions de vie très précaires de cette période sont également encore très présentes dans l'esprit de Jean Paul Mariani. Il se souvient :

Avec mes compagnons, il nous est arrivé de dormir dans la neige, avec notre casque qui nous servait d'oreiller .

Toutefois, malgré tous ces souvenirs éprouvants, Jean-Paul garde en mémoire le lien indéfectible qui s'est crée avec ses " frères d'armes" durant cette période :

Entre tirailleurs, il y avait une grande solidarité. J'ai toujours été là pour eux et l'inverse également. Les régiments d'Afrique du Nord ont grandement participé a la libération de la France. C'est important de le rappeler car leur action est souvent minimisée.

Le 1er octobre 1946, le 6e R.T.M. est dissous. Le 3e bataillon passe au 2e R.T.M.. Les deux autres forment corps jusqu'au 19 novembre 1947, le 1er à Port Lyautey (Kénitra), le 2e à Casablanca.

Démobilisé à Casablanca, Jean-paul Mariani termine la guerre décoré de la médaille militaire. Deux citations obtenues pendant la guerre lui valent la croix de guerre 1939-1945 avec deux étoiles. S'ajouteront à ces décorations, notamment, la croix du combattant volontaire, la médaille commémorative 39/45 et celle de la reconnaissance de la nation.

Il s'installe à Casablanca et ouvre un restaurant.

Pendant la période dite de la "décolonisation", il sera obligé de rentrer en France. C'est à ce moment-là qu'il rencontrera Marie-Anne, celle qui partage toujours sa vie. Ensemble, ils vont gérer un établissement hôtelier dans le sud de la France avant de venir s'installer à Saint-Ouen l'Aumône pour se rapprocher de leurs enfants. 

A l'occasion du 11 novembre 2014, il est élevé au rang de Chevalier de la Légion d'honneur.

Recevoir la légion d'honneur est une juste récompense pour cet homme qui a combattu avec bravoure pour libérer son pays :

Cette distinction est la reconnaissance de la nation envers mon action. Et pour un amoureux de sa patrie tel que moi, c'est un très grand honneur !


  1. Merci à Pauline Saussereau, Directrice du Service Communication de la mairie de Saint-Ouen l'Aumône qui m'a autorisé à reproduire les photos et l'article concernant Jean Paul Mariani dans le journal municipal :
    Nicolas Moutier, "Jean Paul Mariani : un ancien combattant promu chevalier de la Légion d'honneur", in SOA Info, Journal d'informations municipales de Saint-Ouen l'Aumône, n°336, novembre 2014. © Mairie de Saint-Ouen-l'Aumône.