Les maires d'Antisanti


Avec la Constitution Civile du Clergé du 12 juillet 1790, le maire reçoit de nombreuses attributions qui appartenaient auparavant au curé (1).

A cette époque, on sait qu'au mois de deptembre 1790 Paolo Pietro Giacobetti devient Prefetto (maire) de la Communauté et que Fabiani est son adjoint (2).

Le 20 septembre 1792, la Convention tire une conséquence pratique de sa lutte contre le clergé réfractaire. L’état civil sera désormais tenu par les corps municipaux. Cependant, il faut attendre la loi du 22 pluviôse an VIII (11 février 1800), complétée par l'arrêté du 2 pluviôse an IX, (22 janvier 1801) pour voir définir la fonction de maire telle qu'elle est parvenue jusqu'à notre époque.

Ce début de siècle voit le partage des biens communaux d'Antisanti.

A cette tâche, s'attellent le maire Giulio Antonio Angelini ainsi que son adjoint Stefano Guerrini. Les 26 ventôse, puis le 26 germinal de l'An IX (17 mars et 16 avril 1801), le notaire Paolo Emilio Carlotti de Pietroso officialisa enfin le partage des biens communaux d'Antisanti.

A la fin de 1801, Stefano Guerrini lui succède. Il préside un conseil municipal de dix membres. Tous sont nommés par le Préfet. C'est le premier maire à avoir tenu l'état civil.

Santo Lucciardi lui succède en 1804. C'est le premier des Lucciardi à assurer pendant un an la fonction de maire.

Il sera remplacé en 1806 par Domenico Mariani, puis en 1808 par  Antonio Maria Mariani.

De cette époque date la première Sala communa puis la Casa communa. En effet, pendant longtemps les réunions du conseil municipal avaient lieu chez le maire. Les registres étaient enfermés chez lui, dans une armoire.

Giuseppe Antonio Angelini est nommé maire en 1813, Francesco Saverio Giacobetti est son adjoint.

Maire de 1820 à 1828, Joseph Antoine Angelini tentera de convaincre son neveu César Négroni de renoncer à Marie-Louise alors fiancée à Gallochio. Lors d'un échange de coups de feux avec les bandits, le 26 Décembre 1822, il est grièvement blessé et perd l'usage de son bras ce qui lui vaudra d'être décoré de la croix de la légion d'honneur et de recevoir une pension d'invalide.

Par la loi du 21 mars 1831, la monarchie de Juillet décide que les conseils municipaux seront élus par les contribuables les plus imposés, mais elle maintient la nomination du maire, choisi parmi les membres du conseil.

Seront ainsi nommés de 1829 à 1848 :

de 1829 à 1832, Pierre Félix Lucciardi
en 1833, Jacques Toussaint Fabiani
de 1834 à 1840, Pierre Félix Lucciardi
de 1840 à 1845, Antoine Marie Mariani : c'est lui qui entreprendra l'agrandissement de l'église.
de 1846 à 1848, Eusebio Olivesi.

Le maire suivant, Jacques Toussaint Fabiani, perdurera de 1848 à 1855 malgré une série de réformes concernant l'élection du maire.

En effet, la deuxième République proclamée en 1848 rétablit le suffrage universel. Par le décret du 3 juillet 1848, elle dispose que les maires seront désormais élus par les conseils municipaux, eux-mêmes élus au suffrage universel.

Avec le Second Empire, l'élection des conseillers municipaux est maintenue, mais tous les maires sont à nouveau nommés soit par le chef de l'État, pour les chefs-lieux et les villes de plus de 3 000 habitants, soit par le préfet pour les autres (décret du 7 juillet 1852 ). De surcroît, les maires ne sont plus forcément choisis parmi les membres du conseil municipal.

Enfin, dès 1851, Napoléon III retourne au centralisme.

S'en suit une longue période durant laquelle les maires sont de nouveau nommés par le préfet, qu'ils fassent partie ou non du conseil municipal. Les conseillers eux, sont élus pour cinq ans par les hommes âgés de plus de vingt-cinq ans et inscrits sur les listes électorales.

Lors de l'élection du 22 Juillet 1855, le nombre d'électeurs inscrits au village se monte à cent cinquante-huit. Il s'agit d'élire douze conseillers. Sur les cent cinquante-huit inscrits, il y a 134 votants. La majorité s'exprime en faveur de la liste conduite par Ours Félix Lucciardi. Augustin Tedeschi  est nommé maire par le préfet.

Le 19 Août 1860, le nombre des électeurs est plus élevé. Cependant, sur 196 inscrits, il n'y a que 82 votants et les douze candidats d'une liste conduite par Léonard-Napoléon Lucciardi obtiennent de 80 à 82 voix. Augustin Tedeschi reste maire mais il est suspendu le 27 Juillet 1864 et remplacé par Frédéric Lucciardi. Ce dernier est le notaire de Vezzani grâce au rachat de la charge de maître Luciani notaire à Vezzani.

Pour l'élection du 6 Avril 1865, il y a deux cent trente inscrits. Une seule liste est présente, mais la situation est si tendue que les opérations de vote se déroulent en présence du lieutenant de gendarmerie venu tout spécialement de Prunelli de Fiumorbo, et de la brigade de gendarmerie de Vezzani. La liste conduite par Frédéric Lucciardi est élue et ce dernier est nommé maire par le préfet.

La IIIème République s'installant progressivement, une loi transitoire du 14 avril 1871 décide que les maires des petites communes seront dorénavant élus par les conseils municipaux. En fait, pendant 10 ans, le mode de désignation du maire évolue au gré des majorités. Tendance monarchiste, le maire est nommé, tendance républicaine, le maire est élu.

Aux débuts de la IIIème République, le scrutin dure deux jours. Pendant la nuit, c'est le maire seul qui surveille l'urne !.

A l'élection du 7 Août 1870, 237 électeurs sont inscrits, il y a 177 suffrages exprimés. Le maire sortant n'obtient que 84 voies. La liste adverse, conduite par le docteur Jean-Charles Mariani, et sur laquelle figurent Ours-Félix Lucciardi et Augustin Tedeschi est élue avec 93 voies. Le docteur Mariani est nommé maire.

Le docteur Jean-Charles Mariani est né en 1829. Il est le fils de l'ancien maire Antoine Marie Mariani et d'Antonia Maria Salvadori. Il exerce la médecine au pénitencier de Casabianda, à Antisanti et à Poggio di Nazza d'où est originaire sa femme. En 1858-59, il a représenté le canton de Vezzani-Ghisoni au conseil général de la Corse.

Le 8 octobre 1877, sur ordre du sénateur Denis Gavini qui dirige la Corse depuis Paris, le docteur Mariani est suspendu de ses fonctions de maire, il sera remplacé par un de ses adversaires, Étienne Guerrini. Le premier adjoint Ours-Félix Lucciardi est lui aussi suspendu le même jour.

Compte tenu des griefs de chacun des adversaires et du fait qu'il s'agit de la première élection où le maire est élu par le conseil municipal, l'élection du 13 Janvier 1878 se déroule dans une ambiance des plus tendue. C'est l'un des événements les plus dramatiques et les plus sanglants de l’histoire d’Antisanti. On pourra parler de A Disgrazia di 78.

Une deuxième élection doit se dérouler en présence d'importantes forces de l'ordre et permet au docteur Mariani de retrouver son siège de maire. Il le garde pendant quatorze ans.

En 1893, Frédéric Lucciardi  est à nouveau élu maire d'Antisanti. Il est remplacé par Pierre Pulicani en 1895.

De 1896 à 1903, Antoine Marie Lucciardi  enlève la mairie. Il doit céder son siège à Jean Toussaint Pieri, de 1904 à 1908, mais le récupère en 1909.

En 1912, Alexandre Vincenti est élu à la tête de la municipalité. Il est rapidement remplacé par Laurent Giorgi qui assure la gestion du village durant les longues années de guerre, de 1913 à 1919.

C'est à nouveau, un Lucciardi, Joseph, qui retrouve la marie en 1925. Constantin Benedetti lui succède en 1927. A sa suite sont élus François Risterucci en 1931, puis Léopold Giacobetti en 1935.

A partir de juin 1944, c'est une délégation spéciale, présidée par Joseph Lucciardi fils d'Ange Louis, qui dirige Antisanti. A la libération, il est élu maire, et reste à la tête du village jusqu'en 1947. Ours Félix Lucciardi lui succède alors pour 8 ans.

En 1953, Paul Baud prend la la tête de la municipalité. Avec lui le village entre dans la modernité et connaît une longue période de stabilité politique. En 1989, il cesse officiellement ses activités politiques lors du renouvellement du conseil municipal.

Depuis cette date, Alexandre Alessandrini, par ailleurs conseiller régional de la Corse, présidait à la destinée du village.

Après sa démission en 2001 et une élection partielle, son fils, Anthony lui a succédé.

  1. Site internet de FranceGenWeb : http://mairesgenweb.francegenweb.org/
  2. Dominique ALTIBELLI, "Antisanti, Mémoires d'un village", Cahiers 3, 4 et 5.