L'enfant fera ses premiers pas sur le cours Napoléon où demeurent ses parents. Après ses études primaires, le 16 septembre 1876, en tant que fils d'officier, il se voit attribuer une bourse par le ministre de la guerre afin de poursuivre ses études au Prytanée militaire de La Flèche (2). Là il va recevoir une éducation qui le prépare à la carrière militaire. Le plan des études est le même qu'aux lycées : on enseigne au Prytanée militaire les langues anciennes, la rhétorique, les mathématiques, l'histoire, la géographie, l'allemand, l'anglais et le dessin. Mais en sus, les élèves reçoivent des leçons de danse et d'escrime. et pratiquent les exercices militaires, l'escrime, la gymnastique, l'équitation. On leur apprend aussi les manœuvres d'infanterie et celles du canon de campagne. Mais il n'aura guère l'occasion d'exploiter les enseignements reçus au Prytanée. Malgré une dispense du service militaire accordée en tant que fils unique de veuve, il s'engage volontairement à la mairie de Tarbes pour cinq ans le 7 août 1886 au 6e régiment de hussards de Béziers. Cet engagement volontaire est refusé par décision ministérielle du 6 octobre et il est renvoyé dans ses foyers le 8 octobre (3). Quelques mois plus tard, il gagne la région parisienne et, en février 1888, demeure à Clichy au n°110 du boulevard national, qu'il quitte au mois de novembre 1889 pour habiter à Paris. Il semble qu'il a débuté dans cette région une carrière de journaliste. Au mois d'octobre 1889, il rejoint Laval. Là, il devient rapidement rédacteur en chef de l'Éclaireur, journal radical-socialiste du Gers, puis du journal L'Avenir National. C'est alors qu'une violente polémique l'oppose à Mitre, rédacteur du journal L'Avenir. Lequel des deux a déclenché les hostilités et provoqué l'autre en duel ? Le journal Le Rappel, dans son n°7549 du 10 novembre 1890, ne nous l'apprend pas mais indique que la rencontre a eu lieu aux environs de Laval le 8 novembre et que les deux adversaires ont été tous deux légèrement blessés. Eugéne Lucciardi s'installe en 1891 à Fougères, la seconde ville d'Ille-et-Vilaine, une des cités industrielle les plus considérables de toute la Bretagne. C'est la ville de France où l'on fait peut-être le plus de souliers ; tout le monde y est peu ou prou cordonnier ou, tout au moins, vit par le commerce de la cordonnerie. Eugène Lucciardi oeuvre pour sa part aux journaux locaux, le Patriote Fougerais, La République et à La Chronique de Fougères, avant de rejoindre la Démocratie de L'Ouest, un journal local engagé à gauche, dont il devient le directeur-rédacteur en chef (4,5). Le 24 janvier 1893, à Fougères, il épouse Marie Louise Thaïs Letourneur, âgée de 19 ans. Elle est née à Fougères le 22 septembre 1873, fille naturelle de Marie Louise Letourneur, et exerce le métier de chaussonière. Le mariage se déroule en présence d'Ange François Lucciardi, capitaine d'Infanterie de marine, chevalier de la légion d'honneur, âgé de 29 ans, cousin du marié (6). Au commencement du mois de novembre 1893, le nouveau paquebot transatlantique de la Compagnie générale transatlantique à Penhoët, la Navarre, fait ses essais officiels dans un voyage à la Corogne, Lisbonne, Gibraltar et Tanger. Le conseil d'administration de la Compagnie transatlantique a invité quelques personnalités à prendre part à ce voyage et des journalistes dont Duguez, du Messager de Paris ; Lefèvre, du Rappel ; Lucciardi, de la Démocratie de l'Ouest, etc. (7). Ce voyage permet à Eugène Lucciardi d'écrire un premier livre dans lequel il rend compte de ce voyage (8). Après ces essais, lors de la dernière semaine de novembre, le paquebot effectuera sa première traversée et sera mis en service sur la ligne du Mexique avec escale à La Havane et à la Vera-Cruz. Plus grand paquebot de la Transat construit pour cette ligne, sa vitesse lui permettra de réaliser la traversée en 10,5 jours au lieu des 14 jours habituels. Nommé quelques années plus tard à Cuba, on peut penser qu'Eugène Lucciardi aura encore l'occasion de monter à son bord. Le 30 mars 1894 se déclenche la grande grève des forges de Trignac, près de Saint-Nazaire, due à une réduction des effectifs et des salaires dans les ateliers de puddlage. Une écrasante majorité des ouvriers se met en grève. Le conflit semble se résoudre rapidement, mais comme il fait suite à de grandes grèves ayant eu un retentissement national, les socialistes affluent pour défendre les ouvriers et en faire un événement. Le député socialiste de la Seine, Edmond Toussaint, venu de Paris, laisse libre court à sa fougue militante. Bientôt, il se voit accusé d'outrage à gendarmes et d'atteinte à la liberté du travail. Le procureur général de Rennes demande la levée de l'immunité parlementaire du député qui, au mois d'avril, est condamné à 10 jours de prison. À la suite d'un article rédigé par Eugène Lucciardi dans son journal La Démocratie de l'Ouest, le samedi 14 avril 1894, Edmond Toussaint envisage de lui envoyer ses témoins afin de décider d'un duel. C'est du moins ce que rapporte la rumeur publique et le journal Le Rappel dans son n°8804 en date du 18 avril 1894. Mais le député se contentera d'écrire à Eugène Lucciardi une lettre que ce dernier considère comme injurieuse. Et c'est lui qui envoie ses témoins au député de la Seine pour lui demander une réparation par les armes comme l'écrit Le Gaulois dans son n°5174 du 13 mai. Cependant, selon Le Rappel du 18 mai, ces témoins ne purent rencontrer Edmond Toussaint car celui ci avait déjà fuit la région et rejoint Paris. La grande grève des forges de Trignac se termine le 21 mai 1894, sans avoir amené ni avancée sociale ni généralisation du conflit, l'essentiel des ouvriers reprenant le travail. Est ce cet épisode qui fait remarquer Eugène Lucciardi par les autorités et qui lui vaut de devenir directeur de cabinet du préfet de Corrèze puis du Tarn, à l'époque des grèves de Carmaux ? Une polémique avec Germain Birbès, rédacteur du journal Le Télégramme, est la cause d'un nouveau duel. Le 17 mai 1896, une rencontre à lieu à 18 h 30 entre les deux protagonistes. À la deuxième reprise, Birbès reçoit au biceps droit une blessure qui met fin au combat. Mais les deux adversaires se quittent sans s'être réconciliés (9). Eugène Lucciardi fait ensuite partie du cabinet de Léon Bourgeois, ancien garde des sceaux, chef du gouvernement du 1er novembre 1895 à sa démission le 23 avril 1896, mais aussi ministre des affaires étrangères aux mois de mars-avril 1896. Redevenu journaliste, ses articles paraissent dans les journaux les plus lointains ! On peut notamment citer un article publié vers cette époque dans une revue imprimée à Alger, La vie Algérienne et Tunisienne, article intitulé La Corse et les Corses (10). La réélection de Léon Bourgeois comme député de Reims, paraissant compromise, celui ci fait à nouveau appel à Eugène Lucciardi, alors rédacteur du journal Voltaire, pour assurer sa campagne (11). L'année suivante, Eugène Lucciardi rentre dans le corps consulaire par la petite porte : le 19 septembre 1898, il est nommé chancelier de consulat de 2e classe à La Paz, c'est à dire fonctionnaire assistant le consul de Bolivie dans les questions administratives. Dans ce pays profondément catholique et pratiquant, Eugène Lucciardi, que ses contemporains décrivent comme un agent remuant, ayant de multiples problèmes d'argent, est accusé de débauche et d'abandon de famille. Aussi, le 14 novembre 1899, il est muté au consulat de Santiago de Cuba. Là, frappé par la vie et l'oeuvre d'Antonio Maceo, lieutenant-général de l'armée cubaine, il prend le temps de rédiger l'histoire de ce héros révolutionnaire, 90 pages de texte qui seront publiés en 1902 à Auch (12). À Santiago de Cuba, il a pour maîtresse une Française, Suzanne Vidaud du Dognon de Pomerait, née à Cuba, où sa famille possède des plantations de café et de cacao. Lassée des infidélités de son mari, Marie Louise Thaïs Letourneur demande le divorce. Afin d'assurer sa défense, Eugène Lucciardi demande sa mise en disponibilité et regagne la France au début du mois de juin 1901. Le 22 juin, le divorce est prononcé par le tribunal civil de Saint Nazaire au profit de Marie Louise Thaïs Letourneur (13). Eugène Lucciardi est condamné à payer à son ex-femme une pension alimentaire de 150 f par mois (14). Redevenu libre, Eugène Lucciardi épouse Suzanne Vidaud du Dognon de Pomerait probablement vers la fin de l'année 1901 En ce début de siècle, Eugène Lucciardi demeure à nouveau dans les environs d'Auch. Il a repris son métier de journaliste et travaille pour le quotidien L'Éclair. Ses écrits ainsi que son caractère bouillant et emporté lui valent de nombreuses citations dans le journal local l'Express du Midi, organe quotidien de défense sociale et religieuse, qui cite notamment dans son édition du 28 mars 1904 les 2 procès que lui intente Émile Thoulouse, ancien député de Lombez, pour injures et diffamations publiées dans l'Éclaireur et pour injures publiques. Dans la première affaire, Eugène Lucciardi se voit condamné à 200 f d'amendes et 500 f de dommages-intérêts, dans la seconde à 8 jours de prison et 100 f de dommages-intérêts (15). Le 1er avril 1904, il est rappelé à l'activité et nommé vice consul de 3e classe, et, le 20 juin, chargé de la chancellerie du Consulat général de Sydney. Les deux époux embarquent à Marseille sur le Calédonien, paquebot des Messageries Maritimes construit pour la ligne d'Australie (16). Après une traversée avec escale aux Seychelles, à la Réunion, à l'île Maurice, ils atteignent l'Australie le 21 septembre. Lors d'une soirée donnée à la caserne de Sydney, Eugène Lucciardi, qui n'a pas oublié les leçons d'escrime données au Prytanée, et le colonel Roth, chef de la santé militaire, donnent une démonstration d'escrime à l'épée. Cette démonstration qui remporte un franc succès - c'est un sport inconnu alors en Australie - est rapportée par Le Courrier de Brisbane, dans son édition du mercredi 25 octobre 1905 Devenu gérant du vice consulat de Melbourne, poste qu'il occupera jusqu'au 31 décembre 1906, Eugène Lucciardi se voit confier la représentation des intérêts russes et la direction du consulat de Russie (17). Le 18 mars 1907, il est nommé à Prague. Lors d'une soirée donnée par l'Alliance française de Prague, un des plus anciens foyers des sympathies franco-tchèques, après l'allocution de son président, M. Pinkas, député à la Diète, il prend la parole et montre qu'il n'est pas qu'un brillant bretteur mais aussi un brillant orateur : devant un public venu très nombreux, il résume le mouvement poétique en France au dix-neuvième siècle. Le 27 novembre, il est nommé vice consul à Matadi (Congo) et atteint la 2e classe le 31 décembre. Le 30 janvier 1909, il devient chevalier du mérite agricole. Après la fermeture du consulat de Matadi, il est nommé à Tétouan le 23 juillet 1909. À Tétouan, en tant que titulaire du seul poste officiel fiché en plein coeur de la future zone espagnole, il est en butte à l'hostilité des Espagnols et de leurs protégés qui l'accusent des pires maux. On lui reproche notamment d'exciter les indigènes Bocoyas contre la garnison de Ceuta, et de créer une école juive francophone supposée devenir une pépinière anti-espagnole (18). Devenu vice consul de 1ère classe, le 26 mai 1911, Eugène Lucciardi est désigné pour le vice consulat de Constantza, grand port de Roumanie sur la Mer Noire, 1er juillet. Aussitôt ses amis de la colonie se mettent en branle et s'opposent à cette nomination. L'un d'entre eux s'adresse au journal Le Temps pour s'étonner de cette mutation qu'il attribue à une intervention du gouvernement espagnol et accuser le quai d'Orsay de méconnaissance des nécessités locales et des intérêts de la politique Française au Maroc (19) :
Eugène Lucciardi ne sera jamais installé dans le poste de Constantza. Aussi, le 14 juillet suivant, à l'occasion de la fête nationale, Eugène Lucciardi, toujours vice consul de France à Tétouan, est l'objet de vives manifestations de sympathie de la part de la colonie française, ainsi que de notables indigènes, musulmans et israélites. La communauté israélite notamment lui envoie une délégation d'élèves de ses écoles et l'un d'eux lit une allocution exprimant les sentiments de reconnaissance pour la France, qui la première parmi les nations a proclamé la liberté et l'égalité des hommes, sans distinction de culte. Le consul d'Espagne lui même, en uniforme, accompagné de son personnel et des officiers du tabor de police, se rend également au consulat de France pour saluer son collègue et cette démarche cordiale produit une excellente impression. (20). Au mois d'août 1911, Suzanne Vidaud du Dognon de Pomerait rejoint son époux à Tétouan. Elle embarque à Marseille sur l'Émir, un très vieux bateau, tenant mal la mer, commandé par le capitaine Vabre. Ce bateau est inscrit à Bastia et appartient à la Compagnie de navigation mixte Touache, dont le siège est à Marseille. Il effectue, tous les quinze jours, les voyages de Marseille-Oran-Tanger et retour. À cinq milles à l'est de Tarifa, le mercredi 9 août à 3 h du matin, par suite du brouillard, L'Émir entre en collision avec le vapeur anglais Silverstown. L'Émir coule à pic, entraînant avec lui quatre-vingt-six personnes, travailleurs marocains pour la plupart, qu'il avait embarqués à Oran à destination de Tanger. Seul le capitaine, trois officiers, quatre Européens et onze Marocains seront sauvés et ramenés à Gibraltar par le navire abordeur. Durant le naufrage, le capitaine de l'Émir, malgré ses blessures, prend la direction des opérations, aidé par son collègue anglais, et peut repêcher plusieurs personnes, dont Madame Lucciardi, qui avait été projetée dans l'eau et se maintenait cramponnée à un madrier. Elle n'a que des contusions sans gravité mais, restée près d'une heure désespérément aggrippée à ce madrier, auquel elle s'était accrochée au moment du naufrage, elle parait avoir perdu la raison.
Tous les journaux français se font l'écho de la catastrophe et du sauvetage de Madame Lucciardi. Dés le 11 août, ils signalent le nombre de noyés et le retour des survivants à Gibraltar (21) :
Dans son édition du 19 août, le Petit Parisien rapporte l'arrivée de l'équipage à Marseille :
Dans les jours qui suivent le naufrage, Eugène Lucciardi adresse à Gravier, directeur de la compagnie mixte, une dépêche à l'intention du commandant Vabre et du capitaine Coulon (22) :
Voeux et félicitations qu'il renouvelle dans une lettre, curieusement datée du 10 août, adressée au rédacteur en chef du journal Le Matin qui la publie dans son édition du 15 août :
Le 16 février 1912, Eugène Lucciardi devient consul honoraire. Et le 25 juillet, il est chargé du vice consulat de Palma de Majorque. Mais le général espagnol Alfau avec lequel il entretient de bonnes relations demande son maintien sur place. Le général Hubert Lyautey, premier résident général du protectorat français au Maroc, et l'ambassadeur français Robert de Billy se joignent à ce voeu. Certains élus jugeant cette mutation sans motif et y voyant une fois encore une punition, elle est débattue à la chambre des députés (23). Et à nouveau Eugène Lucciardi réussit à se maintenir à Tétouan ! Au mois d'avril 1914, il reçoit la plaque du Mérite militaire espagnol. Le général Marina lui remet personnellement les insignes de cet ordre qui récompense les remarquables services rendus par le consul au gouvernement espagnol (24). Puis c'est le déclenchement de la première guerre mondiale, la mobilisation générale, les premiers combats, et l'organisation des secours mise en place pour les départements envahis. Pour leur part, Eugène Lucciardi, les Français, les musulmans et les israélites amis de la France à Tétouan, envoient un secours de 4 400 f (25). Albert Sonsol, un instituteur de l'Alliance Israélite, né le 24 novembre 1894 à Smyrne, n'a de cesse de s'engager comme volontaire dans les rangs de l'armée française. Pour arriver à ses fins, il fait appel au concours d'Eugène Lucciardi. Ayant réussi à s'engager au 34e régiment d’infanterie coloniale, il écrit au consul de Tétouan pour le remercier de son intervention (26) :
Devenu caporal, Albert Sonsol tombe glorieusement, tué à l’ennemi le 20 octobre 1915 à Sommepy-Tahure (Marne). La lettre qu'Eugène Lucciardi adresse au président de l'Alliance Israélite afin de l'informer du décès de son vaillant instituteur, se termine par ces mots :
Localement, Eugène Lucciardi doit démêler les intrigues d'Abd-el-Malek et de ses parents en zone espagnoles (27). Soutenu dès 1915 par de l'argent allemand, Abd-el-Malek, petit fils d'Abd-el-Kader et fonctionnaire de la police marocaine, agit sur les tribus du Nord prêt à provoquer un soulèvement dans le nord du protectorat français. Repoussé par trois fois, l'échec de la rébellion ne sera consommée qu'en août 1918. Pour sa part, Suzanne Vidaud du Dognon de Pomerait, membre de la société de secours aux blessés, s'occupe des oeuvres de guerre. Par décret du Président de la république elle est décorée de la médaille d'argent de la reconnaissance française avec la citation suivante reproduite dans le Journal Officiel du 6 mars 1918 :
Muté par deux fois, Eugène Lucciardi réussira à se maintenir à Tétouan jusqu'en 1918 ! Le 4 février 1918, il est chargé du consulat à Bahia ; puis nommé gérant du consulat de Sao-Paulo et Santos le 22 avril. Un an plus tard, le 26 avril 1919, il devient consul de 2e classe avant d'obtenir le consulat de Sao Paulo le 19 mai 1920 (28). À peine arrivé, le 30 avril, lors d'une excursion entreprise pour visiter les fortifications d'Itaipu, l'automobile, qui transporte le général Maurice Gamelin, chef de la mission militaire française au Brésil, Eugène Lucciardi etdes officiers brésiliens, dérape à Santos. Selon le journal Le Figaro, le général est indemne mais l'état du consul est très grave (29). Il faut attendre près d'un mois pour qu'Eugène Lucciardi puisse rentrer en convalescence à Saint-Paul, salué par ses nombreux amis de la colonie brésilienne (30). Au Brésil, il a fort à faire pour lutter contre les entreprises allemandes qui participent au développement agricole du pays. Dans une correspondance, il écrit :
Son action est encensé par Paul Walle qui ne tarit pas d'éloges sur le compte du consul et qui écrit (31) :
Pour la petite histoire signalons la lettre de remerciements adressée à cette époque par le consul de Sao Paulo en son nom et au nom de ses compatriotes français après un récital donné par Eugénie Buffet, connue alors pour son interprétation de "La sérénade du pavé", "Le mouchoir rouge de Cholet" et de "Les bretons têtus" de Théodore Botrel et ses interprétations de nombreuses chansons d'Aristide Bruant dont un très émouvant "À Saint-Lazare" (32) :
Fait chevalier de la légion d'honneur par décret du 2 février 1921 du ministre des affaires étrangères, Eugène Lucciardi est reçu le 10 juin 1921 par Alexandre Robert Conty, officier de la Légion d'Honneur, ambassadeur de France au Brésil. Quelques années encore, puis au mois d'avril 1925, il est placé à la disposition du ministre des affaires étrangères. Le 1er juin il est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Le 15 juin, le Cercle français lui offre un banquet d'adieu durant lequel des discours sont prononcés par l'ambassadeur Alexandre Conty, M. Voullemier, président de la chambre de commerce française, et M. Barthe. Le 19 juin, il embarque pour la France à bord du Lipari (33). Cinq ans plus tard, Eugène Lucciardi n'en a pas fini avec sa carrière diplomatique : l'Ouest-Éclair fait état du départ de Saint-Nazaire du Paquebot Pérou à destination de La Martinique et de Cristobal-Colon et signale que parmi les 167 passagers figurent M. Lucciardi, consul de France à Caracas, et son secrétaire, qui se rendent à La Guayra, capitale de l'État de Vargas au Venezuela (34). Enfin, quelques années plus tard, il a définitivement pris sa retraite et s'est fixé à Hyères. Lors des élections municipales des 5 et 12 mai 1935, on le retrouve inscrit sur l'une des 5 listes proposées aux suffrages des habitants, liste que vomit le parti communiste dans sa revue Rouge-Midi (35) :
Eugène Lucciardi, qui participe à la liste Barthélemy Perruc, fait un score plus qu'honorable avec 925 suffrages lors du premier tour de scrutin puis 1203 voix le dimanche suivant, mais ce sont des candidats de la liste du docteur Léopold Jaubert qui sont élus au deuxième tour (36). À Hyères, Eugène Lucciardi se souvient qu'il a débuté dans le journalisme et collabore au Petit Var. On connaît de lui un article écrit à l'occasion du lancement du projet de station thermale à Hyères dont on peut extraire quelques lignes (37) :
Eugène Lucciardi décède à Hyères à l'âge de 79 ans, le 15 avril 1945. Sa première épouse, Marie Louise Thaïs Letourneur, lui survivra pendant 25 ans, et décédera à Saint-Nazaire le 27 septembre 1970, à l'âge de 97 ans.
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