La conquête de la Cochinchine


Alors que les persécutions antichrétiennes qui ont lieu en Cochinchine suscitent l'indignation de l'opinion catholique  française (1), Napoléon III envoie  au Vietnam une escadre commandée par l'amiral Rigault de Genouilly ; au retour de la campagne de Chine, ces troupes débarquent à Tourane (aujourd'hui Da Nang) en 1858.

Parmi ces troupes, le 1er régiment de marine, et le lieutenant Joseph Policarpe Landon Giorgi, originaire d'Antisanti, âgé de 45 ans, fils de François Xavier et de Catherine Marchi (2).

De 1854 à 1870, avec le 1er régiment de marine, il a pris part à une série de campagnes outre-mer : campagne de la Baltique en 1854 ; campagne de Grèce de 1854 à 1856 et maintenant la campagne de  Chine.

Les forts de Tourane sont enlevés et occupés le 1er et le 2 septembre.

Le 18 février 1859, Rigault de Genouilly et ses troupes s'emparent de Saïgon. En mai, les troupes franco-espagnoles battent l'armée annamite sur la route de Hué et enlèvent le camp retranché de Kien-san (7 et 8 mai).

Les attaques ennemis ayant repris, l'amiral revient à Tourane à la mi-avril. Les Annamites, voyant arriver des renforts, demandent à traiter ; la situation devenant de jour en jour plus tendue et les pourparlers traînant en longueur, l'amiral les rompt le 7 septembre, et décide de reprendre les hostilités (3).

Le 15 septembre, l'ennemi est attaqué dans les retranchements qu'il a élevés autour de Tourane (4) : 

L'amiral partit le 15 septembre, à quatre heures du matin, avec ses troupes formées sur trois colonnes, commandées par M. Reynaud, capitaine de vaisseau, M. Reybaud, lieutenant-colonel d'infanterie de marine, et le colonel espagnol Lanzarote. Malgré le feu de l'artillerie et de la mousqueterie, les défenses accumulées, doubles fossés, piéges à tigre masqués et garnis de piquants de bambous, toutes les positions ennemies furent abordées et enlevées... Le combat nous avait coûté dix morts et trente blessés.

Parmi les dix morts qu'a coûté cette attaque se trouve le lieutenant Joseph Polycarpe Landon Giorgi, décédé sur le champ de bataille à 11 h du matin.

Quelques mois plus tard, en décembre, son acte de décès, envoyé par le ministre de la marine, arrivera à la mairie d'Antisanti. Il sera transcrit sur le registre d'état civil du village par le maire Augustin Tedeschi, le 21 décembre.

Cette mort était-elle bien utile ? Benoist d'Azy signale que, quinze jours après ces combats, les troupes ennemies avaient déjà regagné leurs anciennes positions (4) :

Quinze jours après les Cochinchinois étaient entièrement rétablis dans leurs postes, abandonnés par nous. Les pluies transformaient en un lac la plaine qui les environnait, et ils étaient presque inattaquables. 

En 1862, l'Empereur Tu Duc est amené à autoriser le culte catholique, et cède à la France la Cochinchine Orientale et Poulo-Condor.

Cependant pendant longtemps les pirates vont terroriser les populations. C'est en vain qu'on négocie avec ces pillards ; il faut se rendre à l'évidence, se résoudre à conquérir tout le pays.

Du 30 Avril 1885 au 28 Juillet 1887, Ange François Lucciardi participera d'abord avec le 4ème régiment d'Infanterie de marine puis avec le 2ème régiment d'Infanterie de marine et enfin avec le 1er régiment d'Infanterie de marine à la conquête du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine. Dans toutes ces affectations, il se fera apprécier par son entrain, sa vigueur et son activité...

Ce qui lui vaudra la médaille commémorative du Tonkin, le 23 Décembre 1885, et le grade de lieutenant le 2 Novembre 1886.

  1. Adrien LAUNAY, "Les trente-cinq vénérables serviteurs de Dieu, Français, Annamites, Chinois..." , P. Lethielleux Ed. ,Paris, 1907.
  2. Dominique ALTIBELLI, "Antisanti, Mémoire d'un village", cahier N° 4.
  3. Henry FABRE de NAVACELLE, "Précis des guerres de la France de 1848 à 1885", Plon Ed., Paris, 1890.
  4. M.A. BENOIST D'AZY, "Expédition Française en Cochinchine", in Le Correspondant, tome 52, Ch. Douniol Ed., Paris, 1861.